vendredi 6 avril 2012

Je voterai blanc.

Beaucoup de mes amis me demandent "Alors, tu voteras pour qui au second tour ?". En effet, suite à l'absence d'une dynamique positive dans les sondages pour François Bayrou au premier tour, j'ai peu d'espoir de le voir se hisser au second. Même si, au fond, je veux encore y croire.

Néanmoins, pour répondre à leur question, légitime, je leur avoue que je m'oriente de plus en plus vers le vote blanc. La logique voudrait que je choisisse au second tour le moins pire des candidats à mes yeux. Seulement voilà, s'il s'agit des candidats PS et UMP, je me trouve dans une impasse. En effet, je ne crois ni en François Hollande, ni en Nicolas Sarkozy. Je ne souhaite pas cautionner via mon vote des programmes ou des attitudes qui à mon avis, feront reculer la France plus qu'ils ne la feront progresser. Espérons seulement que je me trompe.

Je ne crois absolument pas à la candidature de François Hollande pour les raisons suivantes:
  • Je n'arrive pas à imaginer Monsieur François Hollande en tant que Président. N'ayant jamais eu de fonction ministérielle, il n'a pas fait ses preuves dans l'action et je ne trouve pas ça normal. C'est comme si un cadre sans responsabilités était catapulté PDG de son entreprise sans même être passé par la case "management".
  • Les "cavaliers" du PS qui le soutiennent aujourd'hui l'ont ardemment critiqué il y a un an lors des primaires socialistes. Ceux qui seraient tentés de dire qu'il ne s'agit que de petites phrases que l'on retrouve dans toutes les campagnes, je ne les crois pas. Je ne crois pas que dans une primaire d'un même camp, il soit normal d'utiliser ce genre de mots sans être réellement et intimement persuadé par ce que l'on affirme. Et l'incapacité décrite à travers ces mots, je la ressens lorsque j'observe et écoute les meetings et discours de François Hollande.  Martine Aubry, Ségolène Royal, Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Laurent Fabius ne font donc que confirmer ce que je pense: François Hollande, s'il est élu, ne sera pas un bon Président pour la France.
  • Son programme est basé sur des hypothèses de croissance supérieure à 2%. De nombreux économistes s'accordent à dire que ces prévisions sont très ambitieuses vu la situation économique (France et Europe). Les mesures démagogiques qu'il prévoit sont intenables et viendraient tuer l'activité économique. Avec 75% d'imposition sur les revenus élevés, qui viendrait entreprendre en France dans de telles conditions ? Et bloquer les prix de l'essence, croyez-vous vraiment que cela est impossible ?
Le seul espoir que j'ai pour François Hollande s'il est élu, c'est que la pression des marchés, de l'Europe et des différents acteurs internationaux (Agences de notation, FMI, etc.) sera tellement forte qu'il ne pourra en aucun cas appliquer son programme.

Pour ce qui est de Nicolas Sarkozy, je suis très embêté. Le quinquennat se termine sur un bilan mitigé qu'il est difficile de juger en partie à cause de la crise que nous traversons. Le PS aurait-il fait mieux ? J'en doute. Mais ce qui me gêne profondément dans Nicolas Sarkozy, hormis son style bling-bling et ses paroles déplacées qu'un Président ne devrait pas avoir, c'est la "droitisation" de sa campagne qui est à l'image de son quinquennat. Je me trouve intimement blessé par la manière dont le candidat sortant utilise les différences au sein de la population pour conforter son socle d'électeurs.
  • La polémique du Halal, soi-disant le premier sujet de préoccupation des Français est un bon exemple de stigmatisation.
  • L'affaire Merah devait soi-disant ne pas être utilisée comme arme politique dans la campagne, mais monsieur Sarkozy a quand même trouvé intelligent et nécessaire de rappeler que 2 des victimes de ce forcené étaient Arabes de morphologie. Etait-ce nécessaire ? L'affaire ne devait pas être utilisée, néanmoins, le business des arrestations islamistes n'a jamais été aussi florissant ! Et médiatisé !
  • A joindre à ça, la fameuse phrase "l'immigration c'est bien, mais ça pose aussi des problèmes". Je déteste cette phrase-là. Je la hais. C'est une phrase qui révèle tout du candidat stratège. Il ne veut pas blesser donc il dit "l'immigration c'est bien", mais en même temps il veut réanimer le racisme semi-éteint chez de nombreux Français et dit "mais ça pose aussi des problèmes". Il cherche donc à séduire les électeurs du FN, mais ne veut pas perdre une grande partie de son socle électoral. Ce dernier ne se reconnaitrait pas en lui s'il disait seulement "l'immigration pose des problèmes" (qui est le réel message).
A propos du candidat sortant, j'ai été révolté par ce qu'il a déclaré, sereinement, sur le plateau de Canal + il y a quelques jours. C'était dans "Le Grand Journal", face à Jean-Michel Apathie: "Oui j'ai découvert que la moitié des entreprises du CAC 40 se débrouillaient pour pas payer d'impôts sur les bénéfices". Mensonge ! C'est ce genre d'attitude que je reproche à Nicolas Sarkozy. C'est de la pure stratégie électorale. Par exemple, il essaie de temps en temps de passer pour un ange auprès des Français. Comme la fois où il s'est excusé de son attitude à propos de l'élection de 2007. C'est peut-être la première fois qu'un Président de la République doit s'excuser devant les Français pour son attitude grotesque ! C'est à la fois ridicule, attristant et inquiétant.

Dans cette impasse je devrais choisir - résumé grossièrement - entre :
  • Une présidence fragile incarnée par François Hollande et une crise inévitable s'il parvenait à mettre en place son programme
  • La fonction suprême meurtrie et dégradée par Nicolas Sarkozy et toujours plus de stigmatisation ethnique de sa part (et de son équipe, à savoir Messieurs Hortefeux et Guéant)
Ainsi - à défaut de voir François Bayrou au second tour - je devrais donc choisir entre crise économique et crise sociale. Je ne vois aucune issue et ne veux cautionner ni l'une, ni l'autre.

Que feriez-vous à ma place ?

6 commentaires:

  1. A ta place je voterai Bayrou !
    Mais contrairement à toi, je le ferais (et je le ferai) en y croyant...

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  2. (Je poste en deux parties, ton blog n’accepte pas les messages de plus de 4096 caractères)

    Bonjour,

    C'est le deuxième article que je lis sur ton blog. Et j'adhère (pour le moment :) ) a beaucoup de tes idées (pas toutes quand même, ce ne serait pas marrant sinon !).

    Néanmoins, je vais te dire pourquoi je ne suis pas d'accord avec la stratégie du voter blanc. Ma position se résume en fait à une seule question : quelle utilité ? Ne penses-tu que c'est une forme de "lâcheté" (le mot est fort, je le reconnais moi-même, ne le prend pas personnellement :)) de refuser de prendre une décision difficile et de laisser les autres la prendre à ta place ? Tu le soulignes très bien dans ton analyse, on est face à un choix difficile, un choix que l’on n’a pas envie de prendre. Mais c'est probablement ce type de choix que tu auras à faire plusieurs fois dans ta vie (et je pense, pas uniquement lors d'élections présidentielles). Attendre d'un candidat qu'il nous convienne sur tous les points (ou au moins, une grande partie) est selon moi, une illusion. C'est très difficile, mais je pense que tu devrais "organiser" tes priorités, et voter en fonction de celles-ci.

    Pour ma part, mon vote au premier tour, sera exactement le même que le tien. Celui du second, sera PS, si seul Sarkozy et Hollande s'y retrouve. Je vais te donner quelques raisons, mais je ne souhaite pas particulièrement te faire changer d'avis, je souhaite simplement nourrir le débat.

    La première raison est pour moi relativement simple. Sarkozy menace, de mon point de vue, la cohésion de notre société par ses stigmatisations répétées, et les lignes rouges qu'il franchit allègrement lorsqu'il s'agit de gagner des voix. Etant moi-même enfant d'immigrés, ayant vécu l'intégralité de ma vie en France (il en est quasiment de même pour mes parents), je trouve ça particulièrement écœurant de continuer d'être considéré par la droite sarkozyste (qui ne représente pas toute la droite bien sûr) comme un moins français que les autres, que ce soit par mon "apparence musulmane", ou ma nationalité obtenue il y a un peu moins de 10 ans et qui devrait donc pouvoir être révocable. En soit, ce ne serait pas "trop grave", si nous n'étions pas aujourd'hui dans une période extrêmement difficile économiquement qui menace déjà elle-même cette cohésion nationale. Or, c'est précisément cette cohésion nationale qui peut sauver notre pays. Dans une période difficile, si le sentiment français devient lui-même bancal par une certaine volonté politique de la redéfinir ou de la manipuler, comment convaincre les troupes d'accepter des sacrifices pour celui-ci ?

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  3. Au-delà même de cette cohésion nationale, celle de l'Europe, qui est le centre de toutes les attentions aujourd'hui. N'est-il pas dangereux comme signal de menacer la cohésion de celle-ci lorsque, dans un but purement électoral, on déclare être prêt à remettre en cause les accords de Schengen ? Peu importe que l'on soit d'accord ou non avec le but de cette manœuvre (de mieux contrôler l'immigration), alimenter un sentiment anti-Europe, alors que celle-ci est, selon moi, l'avenir de la France, dans le but d'être réélu est dangereux. Tout comme, déclarer qu'une France à gauche serait l'équivalent de l'Espagne/la Grèce. Lorsque ces pays essayent tant bien que mal de gagner une crédibilité auprès des marchés, et qu'on les renvoie à un modèle d'échec dans un but purement électoraliste, les conséquences peuvent être très néfastes.

    Concernant le bilan mitigé de Sarkozy, la droite avance régulièrement l'argument de la crise, que tu reprends également dans ton texte. Le PS aurait-il fait mieux ? Il me paraît difficile de le savoir. On pourrait pencher du côté du oui, en disant que Strauss-Kahn, avant ses petites affaires extra-professionnelles, de par son poste au FMI, pilotait et impulsait beaucoup de décisions au sein de l'Europe et, de l'aveu de beaucoup de dirigeants politiques, a été reconnu pour ce qu'il a apporté. Il a longtemps prôné un défaut sélectif en Grèce, idée fortement rejeté depuis le début de la crise, mais qui a finalement été choisie. On pourrait également pencher du côté du non, si l'on se base sur le programme de 2007 de Ségolène Royal, basé essentiellement sur le rêve et la dépense... Bref, on en sait rien, et peu importe la position, ça relèverait davantage de la croyance que de la réalité.

    Quoiqu'il en soit, le bilan de la droite, lui, on peut le juger. Et à l'heure actuelle, il n'est pas fameux. Tant d'un point de vue économique, que d'un point de vue social/humain (immigrations/roms). Là où la droite a selon moi un bilan (très ?) positif, c'est sur l'Europe. Je me suis senti fier d'être français, lorsque Sarkozy a aidé à renforcer l'Europe. Que ce soit par la présidence française de l'UE ou par le renforcement du couple Franco-allemand qui, même s'il ne constitue pas une solution idéale (et démocratique), a permis de prendre des décisions plus rapidement que s'il n'avait pas existé. C'est d'ailleurs aussi pour ça que je trouve étonnant de s'attaquer à l'Europe, alors que celle-ci, aurait pu apporter beaucoup de crédit au personnage s'il avait évité de la froisser malencontreusement par ses décisions impulsives et électoralistes.

    Concernant ton avis sur Hollande, et son absence de responsabilités ministérielles dans le passé, on fait face, selon moi, à un non-sens. Je comprends évidemment ton point de vue, et moi aussi, je pense que cela est un plus si un président a déjà été ministre auparavant. Reste que l'important en étant président, et d'être capable de prendre et d'impulser des décisions, et surtout, de donner une direction/une vision à son pays. Il n'y a pas besoin d'avoir été ministre pour pouvoir le faire. Un chef de parti (comme il l'a été), ou avoir été président de région peut-être suffisant.

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  4. (en fait ce sera 3 parties :) )



    Concernant la prévision de croissance ambitieuse, je te rejoins parfaitement. Si l'on se rapporte aux 5 années passées, les prévisions de croissance du gouvernement ont souvent été jugé trop ambitieuses également par des économistes européens ou internationaux. Dans les faits, elles n'ont, je crois, quasiment jamais été atteintes. Les nouvelles prévisions de croissance de la droite pour les années à venir sont, certes plus faibles, mais pas nécessairement plus réaliste.

    Sinon, sur le reste, je suis d'accord avec ton analyse de la gauche. Les discours de Hollande "ne donnent pas envie", le taux de 75% est une bonne blague qui n'apportera strictement rien (même si ce n'est pas le simple fait de baisser les impôts qui favoriseront l'entreprenariat), bloquer les prix de l'essence (autant démagogiques que de proposer de faire appel au stock de pétrole pour faire baisser les prix alors que ceux-ci sont constitués pour faire face à des évènement probablement plus difficile que la crise que l'on parcourt), etc.

    Mais l'argument de l'alternance, additionné au "pire" (selon mes priorités) que représente Sarkozy, et à la volonté de ne pas reconduire quelqu'un dont je juge le bilan moyen/négatif, me feront voter pour Hollande.

    Qu'en penses-tu ?


    Désolé pour ce "pourrissage" en 3 parties.

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    1. Pour commencer, merci et bravo pour ta réponse bien argumentée.

      1. A propos de la "lâcheté" concernant le vote blanc je comprends ton sentiment. Néanmoins, j'aimerais faire la distinction entre voter blanc et s'abstenir. Si une personne s'abstient par manque d'implication ou d'intérêt pour la chose politique, je dirais que c'est une faute citoyenne. Si elle s'abstient, justement parce qu'elle n'y trouve pas son compte, alors c'est effectivement de la lâcheté, car elle ne fait même pas la démarche d'aller dans les isoloirs. A l'inverse, je pense que le vote blanc est malgré tout une démarche citoyenne. Le problème réside dans le fait qu'il n'est pas pris en compte, d'où une assimilation à de la lâcheté. S'il existe c'est bien qu'il a son utilité dans ce genre d'impasse. Maintenant, si le vote blanc n'existait pas, je t'avoue que je me trouverais vraiment emmerdé...

      2. Concernant Monsieur Hollande et le poste de ministre, j'avoue avoir utilisé un argument de comptoir. Mais je maintiens qu'associé avec l'argument suivant - concernant sa capacité à gérer mise à mal il y a 1 an (de la part des personnes qui le soutiennent aujourd'hui) - je trouve cet argument de comptoir plus impactant et inquiétant.

      3. Comme le résumait très bien un ami: "En gros ce que tu veux dire c'est que tu ne veux pas choisir entre la peste et le choléra". C'est a peu près ça. Disons que pour moi, l'issue de ces 2 options (UMP & PS) sera la même. On emprunte juste 2 chemins différents. Tu retrouveras ce raisonnement dans mon dernier article "Dangereusement, mais surement":

      - PS: mesures économiques inapplicables -> crise éco -> montée des extrêmes (votes contestataires) -> crise sociétale avec FG et FN au second tour
      - UMP: élection de Sarkozy -> poursuite de la stigmatisation -> votes contestataires au FG + votes FN liés à la stigmatisation de l'UMP (pendant 10 ans) -> crise sociétale avec FG et FN au second tour

      Cela peut paraître très grossier et simplificateur mais j'ai comme peur de croire que j'ai raison...d'où mon choix du vote blanc.

      Néanmoins, j'avoue que la hiérarchisation dont tu me parles me séduit. Il n'est pas dit que je ne revienne pas sur ce choix de vote blanc, bien que j'en doute fort...

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    2. Merci pour ta réponse également. On entretient la discussion :)

      1 - Je fais également cette distinction entre abstention et vote blanc. Ce que je voulais dire, c'est qu'étant donné nos institutions, cette distinction est purement théorique. En votant blanc, tu seras considéré comme abstentionniste. C'est un tort de nos institutions mais c'est un fait. Ce n'est pas dramatique en soit et je ne pense pas que ce soit suffisant pour te faire changer d'avis :)

      2 - Je ne suis pas d'accord avec toi sur ce point-là. Pour moi, cela ne prouve que le manque d'intelligence de ceux qui ont fait appels à ces arguments de bas niveau. En soit, ce n’est pas spécialement rassurant présenté comme ça non plus :). Mais on pourrait avancer également que du côté de la droite, c'est une ancienne ministre (Rachida Dati) qui n'hésite pas à utiliser d'arguments/mises en causes très fortes contre son ancien 1er ministre. On a d'autre personnalités de droite qui rejette également fortement Sarkozy depuis le début de la Campagne (Borloo, Morin, Yade, qui se sont miraculeusement calmé il semblerait). Cela ne fait que prouver, à mon sens, que beaucoup de nos politiques ne sont intéressés que par le pouvoir, pas par leurs convictions...

      3 - Je pense effectivement que c'est simplificateur (tu m'as tendu une perche :D). Autant pour l'un que pour l'autre, je ne crois pas à une immense catastrophe dans 5 ans. Un pays plus mal, oui. Pas catastrophique pour autant. Je pense qu'il faut dédramatiser ce choix. Pour reprendre ton image, ce serait plus un choix entre une grippe et un rhume que la peste et le choléra.

      C'est pour cela aussi que je choisis de hiérarchiser mes priorités en fonction de ce que j'estime être "plus importants", et des symptômes que je pense être les moins difficiles à supporter pour la France. Mais c'est purement subjectif évidemment

      PS: l'avantage c'est qu'en te répondant, j'en ai presque oublié que les soucis de métro ont doublé mon temps de trajet :D

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