mardi 10 avril 2012

Dangereusement, mais sûrement.

Avant propos:
Les propos que je tiens ci-dessous pourront vous surprendre, voir vous choquer. Mais je n'ai pas peur que l'on me pointe du doigt. Quoi qu'il arrive, je suis gagnant. Dans le premier cas, si ce que je prévois a lieu, alors je serai triste mais aurai eu raison. Dans le second, si mes prévisions sont démenties, alors j'aurai eu tort, mais serai heureux de m'être trompé. Je n'ai donc rien à perdre.

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L'histoire se déclenche en 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen passe au second tour. Elle continue en 2007, lorsque Mr Sarkozy parle de Karcher, de nettoyage des banlieues, de racailles. Elle se poursuit en 2012, lorsque le même Sarkozy exploite l'affaire Merah, lorsqu'il parle Halal, lorsqu'il pointe du doigt l'immigration. La nouveauté de 2012 s'appelle Mélenchon. Il rassemble les électeurs des partis éclatés et impuissants de l'extrême gauche autour des thèmes de la nationalisation, du smic à 1700 euros, de la taxation à 100%. Faute de sursaut imminent des Français, cette histoire se terminera en 2017, lorsqu'au second tour, nous aurons le choix entre Front de Gauche et Front National. Je veux bien sûr parler de la montée des extrêmes.

En 2002, le vote d'extrême gauche (LO, LCR et PT) représentait 10,44% des suffrages exprimés. Celui d'extrême droite (FN) représentait 16,86%. Soit un total de votes "extrémistes" de 27,30% des suffrages. En 2007, le total se portait à 16,19% avec 5,75% pour l'extrême gauche (LO, LCR et PT) et 10,44% pour l'extrême droite.

Le creux dans le vote extrémiste de 2007 s'explique facilement par la combinaison de 3 phénomènes:
  • L'apparition de candidats méconnus du grand public. Les nouvelles têtes, ça rafraîchit toujours.
  • Le mauvais souvenir de 2002 avec le premier signal, Jean-Marie Le Pen.
  • La crise économique et financière n'était pas encore là, bien que le pays fût déjà fortement endetté. L'horizon était donc moins brumeux, le ciel moins chargé de nuages noirs.

En 2012, selon les tendances actuelles, le vote extrémiste va représenter près d'un tiers des Français. Mr Mélenchon représente presque 15% dans les intentions de vote. Avec Philippe Poutoux et Nathalie Arthaux, l'extrême gauche va rassembler 17% des intentions de vote. Marine Le Pen réussit à rendre plus acceptable le vote FN, notamment chez les jeunes (!), elle a donc aussi une base solide autour de 15% des intentions de vote. Le vote extrême va, cette année, dépasser les 30%. Un tiers des Français va donc opter pour un vote réactionnaire. Dangereusement mais sûrement.

A défaut d'avoir une vision à long terme et de résoudre les problèmes structurels de société annoncés par le signal de 2002, les politiques menées depuis 15 ans par les gouvernements "non-extrêmes", de droites comme de gauches, nous entrainent doucement vers un climat social de plus en plus tendu. La traduction logique dans les urnes, c'est le vote extrémiste. Le vote du ras-le-bol. Les candidats, à force de mentir aux Français en prônant le "Changement" et la "Rupture" qui n'arrivent jamais, créent de la frustration dans les esprits des électeurs. Ces derniers s'orientent alors vers le changement, catastrophique certes, mais le "vrai" changement. Celui du vote extrême. Celui de la sortie de l'euro et de l'espace Schengen, celui du communisme version URSS ou du protectionnisme au niveau national. Celui d'un énorme pas en arrière.


Je m'inquiète de l'évolution de la France. Le vote extrémiste est le symbole d'une société qui va mal. Que ces phénomènes se produisent après (et pendant) une période de crise économique, cela semble normal. Mais lorsqu'ils ne sont pas nouveaux, alors c'est que le problème est structurel. Et c'est le cas en France. Le vote extrémiste existait avant 2002. Mais depuis plus de 10 ans, il s'alimente dans l'incapacité des gouvernements successifs à faire progresser le pays. Il se nourrit dans les inégalités, se gave dans les difficultés quotidiennes des Français et attend patiemment son tour.

Et son tour arrivera en 2017. Quel que soit le vainqueur de 2012, UMP ou PS, je pense que nous nous dirigeons vers ce cas de figure.

Les 2 partis majoritaires ne vont pas résoudre les problèmes économiques auxquels nous allons nous confronter. Pas avec des prévisions de croissance digne d'un pays en bonne santé. L'UMP va subir le contrecoup de 10 ans de stigmatisation qui profitent au FN (notamment chez les jeunes). N'oublions pas que Jean-Marie Le Pen n'a eu besoin que de 16,86% pour passer au second tour en 2002. Le PS, faute de se réinventer, faute de placer le bon candidat à chaque élection, est en train de signer l'installation définitive du Front de Gauche dans le paysage politique. D'ici 2017, les Français, déçus, vont se radicaliser un peu plus. Il ne manque pas grand-chose à Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon pour passer au second tour. Juste un ultime mauvais quinquennat, de l'UMP ou du PS.

Le centre, malheureusement, devra attendre 2022. Par ce que son tour viendra aussi, mais seulement lorsque la tâche sera encore plus ardue. Seulement lorsque le pays aura les 2 genoux à terre. Pour le moment, nous n'avons que 8 millions de pauvres, après tout ce n'est pas si grave...

N'oublions pas l'allégorie de la grenouille.

Une note positive pour finir ? Nous allons pouvoir encore longtemps apprécier le talent de Damien Saez...

vendredi 6 avril 2012

Je voterai blanc.

Beaucoup de mes amis me demandent "Alors, tu voteras pour qui au second tour ?". En effet, suite à l'absence d'une dynamique positive dans les sondages pour François Bayrou au premier tour, j'ai peu d'espoir de le voir se hisser au second. Même si, au fond, je veux encore y croire.

Néanmoins, pour répondre à leur question, légitime, je leur avoue que je m'oriente de plus en plus vers le vote blanc. La logique voudrait que je choisisse au second tour le moins pire des candidats à mes yeux. Seulement voilà, s'il s'agit des candidats PS et UMP, je me trouve dans une impasse. En effet, je ne crois ni en François Hollande, ni en Nicolas Sarkozy. Je ne souhaite pas cautionner via mon vote des programmes ou des attitudes qui à mon avis, feront reculer la France plus qu'ils ne la feront progresser. Espérons seulement que je me trompe.

Je ne crois absolument pas à la candidature de François Hollande pour les raisons suivantes:
  • Je n'arrive pas à imaginer Monsieur François Hollande en tant que Président. N'ayant jamais eu de fonction ministérielle, il n'a pas fait ses preuves dans l'action et je ne trouve pas ça normal. C'est comme si un cadre sans responsabilités était catapulté PDG de son entreprise sans même être passé par la case "management".
  • Les "cavaliers" du PS qui le soutiennent aujourd'hui l'ont ardemment critiqué il y a un an lors des primaires socialistes. Ceux qui seraient tentés de dire qu'il ne s'agit que de petites phrases que l'on retrouve dans toutes les campagnes, je ne les crois pas. Je ne crois pas que dans une primaire d'un même camp, il soit normal d'utiliser ce genre de mots sans être réellement et intimement persuadé par ce que l'on affirme. Et l'incapacité décrite à travers ces mots, je la ressens lorsque j'observe et écoute les meetings et discours de François Hollande.  Martine Aubry, Ségolène Royal, Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Laurent Fabius ne font donc que confirmer ce que je pense: François Hollande, s'il est élu, ne sera pas un bon Président pour la France.
  • Son programme est basé sur des hypothèses de croissance supérieure à 2%. De nombreux économistes s'accordent à dire que ces prévisions sont très ambitieuses vu la situation économique (France et Europe). Les mesures démagogiques qu'il prévoit sont intenables et viendraient tuer l'activité économique. Avec 75% d'imposition sur les revenus élevés, qui viendrait entreprendre en France dans de telles conditions ? Et bloquer les prix de l'essence, croyez-vous vraiment que cela est impossible ?
Le seul espoir que j'ai pour François Hollande s'il est élu, c'est que la pression des marchés, de l'Europe et des différents acteurs internationaux (Agences de notation, FMI, etc.) sera tellement forte qu'il ne pourra en aucun cas appliquer son programme.

Pour ce qui est de Nicolas Sarkozy, je suis très embêté. Le quinquennat se termine sur un bilan mitigé qu'il est difficile de juger en partie à cause de la crise que nous traversons. Le PS aurait-il fait mieux ? J'en doute. Mais ce qui me gêne profondément dans Nicolas Sarkozy, hormis son style bling-bling et ses paroles déplacées qu'un Président ne devrait pas avoir, c'est la "droitisation" de sa campagne qui est à l'image de son quinquennat. Je me trouve intimement blessé par la manière dont le candidat sortant utilise les différences au sein de la population pour conforter son socle d'électeurs.
  • La polémique du Halal, soi-disant le premier sujet de préoccupation des Français est un bon exemple de stigmatisation.
  • L'affaire Merah devait soi-disant ne pas être utilisée comme arme politique dans la campagne, mais monsieur Sarkozy a quand même trouvé intelligent et nécessaire de rappeler que 2 des victimes de ce forcené étaient Arabes de morphologie. Etait-ce nécessaire ? L'affaire ne devait pas être utilisée, néanmoins, le business des arrestations islamistes n'a jamais été aussi florissant ! Et médiatisé !
  • A joindre à ça, la fameuse phrase "l'immigration c'est bien, mais ça pose aussi des problèmes". Je déteste cette phrase-là. Je la hais. C'est une phrase qui révèle tout du candidat stratège. Il ne veut pas blesser donc il dit "l'immigration c'est bien", mais en même temps il veut réanimer le racisme semi-éteint chez de nombreux Français et dit "mais ça pose aussi des problèmes". Il cherche donc à séduire les électeurs du FN, mais ne veut pas perdre une grande partie de son socle électoral. Ce dernier ne se reconnaitrait pas en lui s'il disait seulement "l'immigration pose des problèmes" (qui est le réel message).
A propos du candidat sortant, j'ai été révolté par ce qu'il a déclaré, sereinement, sur le plateau de Canal + il y a quelques jours. C'était dans "Le Grand Journal", face à Jean-Michel Apathie: "Oui j'ai découvert que la moitié des entreprises du CAC 40 se débrouillaient pour pas payer d'impôts sur les bénéfices". Mensonge ! C'est ce genre d'attitude que je reproche à Nicolas Sarkozy. C'est de la pure stratégie électorale. Par exemple, il essaie de temps en temps de passer pour un ange auprès des Français. Comme la fois où il s'est excusé de son attitude à propos de l'élection de 2007. C'est peut-être la première fois qu'un Président de la République doit s'excuser devant les Français pour son attitude grotesque ! C'est à la fois ridicule, attristant et inquiétant.

Dans cette impasse je devrais choisir - résumé grossièrement - entre :
  • Une présidence fragile incarnée par François Hollande et une crise inévitable s'il parvenait à mettre en place son programme
  • La fonction suprême meurtrie et dégradée par Nicolas Sarkozy et toujours plus de stigmatisation ethnique de sa part (et de son équipe, à savoir Messieurs Hortefeux et Guéant)
Ainsi - à défaut de voir François Bayrou au second tour - je devrais donc choisir entre crise économique et crise sociale. Je ne vois aucune issue et ne veux cautionner ni l'une, ni l'autre.

Que feriez-vous à ma place ?

lundi 2 avril 2012

Pour ou contre les sondages ?

Ah, les sondages ! Sujet aux débats virulents. Mais sujet qui intéresse les gens ! Que faire de ces sondages ? Ils sont là pour nous guider, mais certains disent qu'ils faussent le jeu. Ils doivent refléter le choix des électeurs à un moment précis, mais certains disent qu'ils sont biaisés.

Il s'agit en tout cas d'un sujet qui fait débat dans mon cercle d'amis. Ceux-ci m'ont donc aidé à réfléchir à la question. Je vais donc vous exposer mon point de vue, tout en l'atténuant avec les remarques très justes que j'ai pu obtenir. Personnellement, les sondages en période électorale, je n'y suis pas favorable. Pourquoi ?

Tout d'abord, parce que je ne suis pas favorable à la pratique du vote utile. Comme vous avez pu le voir dans mon précédent article ("Votez par passion"), je trouve cette pratique antidémocratique. Or certains candidats font appel au vote utile car ils ont connaissance de ces sondages. Si cela n'était pas le cas, personne ne pourrait appeler au vote utile, puisque ne connaissant pas la position des différents candidats dans les intentions de vote.

Ensuite, parce que je ne veux pas que les électeurs se réfugient trop facilement et trop rapidement dans l'impasse d'un éventuel second tour déjà joué, avant même les choix du premier tour. Les sondages sont la meilleure façon de rabâcher aux électeurs que 2 candidats "sortent du lot", ces dernières années UMP et PS ont pris les 2 premières places du podium. Certains électeurs choisissent alors uniquement entre ces 2 prétendants, empêchant certains courants de fond de prendre forme.

De plus, ils empêchent la mobilisation et ralentissent l'intérêt de l'électeur. Mettez-vous par exemple à la place d'un(e) militant(e) écologiste qui voit peiner sa candidate, Mme Eva Joly. Iriez-vous, à sa place, essayer de militer en faveur de son programme ? Iriez-vous voter pour Mme Joly si vous saviez par avance que votre vote n'aura réellement aucun impact ? Non. Et vous auriez raison. Pourquoi se donner cette peine quand la candidate ou le candidat qui représente le mieux vos valeurs atteint difficilement les 2 points dans les sondages. Désespoir.

De même, je suis persuadé qu'ils jouent sur l'abstentionnisme. Je pense qu'au moins une partie des abstentionnistes ne va pas voter à cause justement de la faible courbe de tendance de leurs candidats. A quoi bon aller voter pour un parti qui va faire seulement 3 % ? L'abstentionnisme était de 16,2 % en 2007 et de 28,4 % en 2002. Imaginez l'impact que peuvent avoir les abstentionnistes ! 

Aussi, et c'est sans doute le plus important. Les sondages empêchent en partie les débats de fond d'être abordés durant une campagne. Comme vous avez pu vous-même l'observer jusqu'à maintenant, nombre des interventions ou propositions des candidats sont faites pour séduire les électorats voisins. Si nous n'avions pas connaissance des intentions de vote, aucun parti ne serait capable de mener ce qu'on appelle de la "stratégie électorale". Ils seraient donc bien obligé de proposer de réelles avancées sur le fond, un réel projet. Tant pis pour eux, tant mieux pour nous. Cette orientation du débat vers la séduction des extrêmes permet aux candidats d'éviter les questions qui fâchent. Par exemple, ils n'abordent pas (sauf un...) le sujet des déficits, de notre compétitivité, de la dette, du chômage, etc.

Enfin, il nous permettrait d'éviter les discussions inutiles mais toujours chronophages pour chaque candidat, à chaque émission, dans n'importe quel média (je vous laisse faire le compte des minutes perdues) :
      - Journaliste : - "Mais enfin, dans le dernier sondage, bla bla bla..."
      - Candidat : - "Ne prenez pas en compte les sondages, bla bla bla..."

Certains amis ont mentionné que l'interdiction des sondages était l'équivalent d'une censure. Ils m'ont affirmé qu'il fallait garder la libre circulation de l'information. Je comprends leur sentiment. Mais la censure n'est-elle pas bonne quand utilisée dans l'intérêt du peuple ? N'est-ce pas de la censure lorsque le chef de l'Etat, à raison, appelle la chaîne d'information Al Jazeera à ne pas divulguer les images des meurtres de Toulouse ? Il s'agit d'une bonne censure qui a évité d'étaler l'horreur à la télévision et sur internet. Le respect des familles des victimes était crucial. Ils auraient été malsain de laisser cette vidéo à la portée d'enfants et en libre circulation sur le web. C'est une censure morale ! Ne pensez-vous pas qu'être libre de tous sondages et des commentaires et orientations qui les suivent dans les médias, serait bon pour notre liberté de pensée ? J'affirme que si je n'avais accès à aucune enquête d'opinion en période électorale, je serais obligé d'aller moi-même chercher en profondeur l'information dans le contenu des programmes. Ce que je ne fais que pour les partis majoritaires aujourd'hui. Ce serait une bonne chose pour la démocratie et l'émancipation des peuples. Le devoir du citoyen de s'impliquer dans la chose publique ne serait que renforcé, ce qui manque cruellement dans notre société.

D'autres me disent que les sondages sont justement une représentation objective de la réalité et qu'ils restent libres d'interprétation pour chaque personne qui les consulte. Je suis entièrement d'accord. Je ne critique pas la juste représentation qu'ils sont, mais l'impact qu'ils ont. A la fois sur l'abstention, sur les décisions des électorats minoritaires, sur les décisions des électeurs de "dernières minutes" et sur le contenu de la campagne. Finalement, la libre interprétation ne dépend que de l'individu qui regarde et analyse le sondage, pour autant qu'il le fasse...

Pour résumer, je pense qu'une absence de sondage en période électorale permettrait:

  • D'éliminer le vote utile (voir mon précédent article "Votez par passion")
  • Moins d'électeurs de dernières minutes (qui choisissent entre n°1 et n°2 dans les sondages)
  • Moins d'abstentionnisme
  • Plus d'implication, plus d'intérêt, plus de curiosité politique et donc un renforcement du devoir citoyen
  • Plus de débats de fonds
  • Moins d'échanges puerils à propos des sondages dans les médias

Si l'interdiction pure et simple des sondages en période électorale n'est pas la solution qui permettrait d'éviter les dérives mentionnées ci-dessus, que proposez-vous ?

vendredi 30 mars 2012

Votez par passion !


On parle souvent dans cette campagne (comme dans toutes les autres) du vote utile. Le vote utile est un outil qui permet d'assurer un certain confort aux principaux candidats afin qu'ils aient une marge de manoeuvre confortable au premier tour. Celle-ci se déclinant en une dynamique très positive au second. Cette pratique est anti-démocratique.

Voter utile, c'est abandonner son vote de coeur. C'est laisser tomber celui ou celle qui, selon nous, représente au mieux nos intérêts et ceux du pays. Cette pratique tue la démocratie, par essence bâtie sur le pluralisme politique. La cohabitation de plusieurs pensées politiques est justement le meilleur outil pour faire entendre sa voix. Si le vote utile est massivement appliqué, les plus petits courants politiques, qui ne sont pas illégitimes, n'ont pas la possibilité de se faire entendre et restent marginaux.

Quel intérêt de faire une élection en deux tours si les partis majoritaires appellent à voter utile ? Comment encourager le pluralisme alors ? Le vote de coeur est la meilleure façon d'assurer une réelle représentation de la population. Il permet de retrouver au second tour une réelle proportion des vraies opinions des français. En effet, les deux candidats qui passent au second tour représentent au moins 40 % des votes. Mais s'il y a eu appel au vote utile au premier tour, ce n'est alors plus vrai. Les 40 % sont biaisés puisque composés du vote de coeur des vrais partisans et des voix des électeurs des partis satellites qui ont été séduit par le concept du vote utile. Les propositions des candidats au second tour sont donc déphasées par rapport aux véritables opinions du peuple.

Plus important, un candidat qui appelle au "vote utile" est quelqu'un qui ne sait pas rassembler par son programme, c'est bien dommage ! Appeler les électeurs à utiliser cette pratique, c'est avouer que l'on est impuissant face à la montée de candidats et de mouvements proches de son propre parti. C'est admettre qu'on on est incapable de convaincre leurs électeurs par ses propositions. C'est exactement ce qui se passe avec François Hollande qui appelle les sympathisants de Jean-Luc Mélenchon à le suivre dès le premier tour.

Enfin, une élection est un moment où doivent se déchainer les passions, où la population doit débattre des sujets qui sont les enjeux de son avenir. Pourquoi se soumettre à une formation qui ne nous ressemble pas ? Pourquoi accepter, sans débattre, qu'un candidat est soi-disant plus capable de passer au second tour qu'un autre ? On devrait alors accepter de se soumettre à son programme ?

Il est crucial pour chaque élection de toujours procéder à un vote de coeur. Il est le véritable miroir de la société dans laquelle nous vivons et le meilleur outil pour avoir au second tour, deux candidats qui représentent réellement les positions des Français.

lundi 26 mars 2012

"La Fin" justifie les moyens

Cher Monsieur Bayrou,

Il est encore temps de changer de style.

Nombreuses sont les personnes de mon entourage qui peuvent témoigner que je suis un fervent défenseur de votre candidature.  Depuis longtemps convaincu par votre programme et par le renouveau que vous représentez (malgré le temps passé sur la scène politique), je saute sur toutes les occasions pour parler de vos solutions pour la France. Mes amis pourront le confirmer, je suis enthousiasmé par votre projet. Par contre, comme eux, je le suis moins par la forme.

En effet, nombre de ces amis et moi-même, sentent dans votre candidature celle d'un personnage qui a longtemps cherché sa place sur l'échiquier politique. Celle de quelqu'un qui a traversé des moments de solitude. Celle de quelqu'un qui fait une course de fond et qui depuis des années rabâchent, à raison, les mêmes problèmes et les mêmes alertes. Finalement, celle d'un candidat qui a raison mais qui ne gagne pas. 

Encore une fois, vous souhaitez être élu de façon honnête en disant la vérité aux Français. C'est noble, mais ça ne fait pas gagner une campagne. Tout chef d'entreprise, tout homme politique doit certes rassembler, mais il doit surtout mobiliser. Je suis désolé de vous le dire, mais ma mobilisation ne tient qu'à l'enthousiasme que j'ai pour vos idées. Pas à autre chose. Je suis allé à votre meeting du Zénith (dimanche 25 mars). J'ai pu entendre une nouvelle fois votre programme rassembleur, mais je n'ai pas vu un tribun mobilisateur sur la scène. Vos meetings attirent beaucoup de sympathisants. Comme ceux des autres candidats, ni plus, ni moins.

Je risque de vous vexer en disant ce qui suit, mais je prends le risque. En 2007, je n'avais pas l'âge de voter, mais je croyais déjà en votre candidature. Malgré cela, je dois avouer que Nicolas Sarkozy m'a séduit au second tour. Certainement pas par son programme, à 17 ans, comment aurais-je pu le juger sans dire de sottises ? Non, j'ai été séduit par l'homme. Vous le dites vous-même : "l'élection présidentielle est un choix personnel". Le Président sortant a su montrer une pugnacité et une énergie nouvelles aux Français durant sa campagne. Et les Français ont aimé le candidat qu'il a été. En effet, il est un exemple à suivre en termes de discours. Il excelle dans l'art de maîtriser les médias. On ne peut pas lui retirer ce talent là. Il arrive parfois que l'on doive s'inspirer des gens que l'on n'aime pas.

Vous aviez prononcé ces mots il y a quelques semaines : "il ne faut pas oublier que la campagne présidentielle est une course de fond". D'accord, mais le sprint final est déjà lancé. Le sprint final ce ne sont pas les deux dernières semaines, ni mêmes les derniers jours. Le sprint final ce sont bien les 2 mois de campagne. Et que fait-on alors ? On rue dans les brancards, on chahute, on provoque, on surprend. Même si on n'aime pas le faire, on doit le faire. C'est triste, mais aujourd'hui, c'est la présence médiatique qui compte, pas le reste. C'est l'image le plus important. C'est la forme.

L'Etat d'urgence que vous décrivez si bien dans votre livre ne nécessite-t-il pas d'aller contre-nature ? Je sais que vous n'aimez pas forcément la formule "la fin justifie les moyens", mais ne s'agit-il pas de cela en temps de crise ? La formule de Gandhi qui a votre préférence était juste il y a 5 ans. Mais aujourd'hui, au bord du vide, n'est-elle pas obsolète ? Nous n'avons plus le temps de semer des graines qui mettront des années à pousser.

Monsieur Bayrou, je suis persuadé qu'il vous faut bousculer les Français. Il vous faut marquer les esprits. Je me doute bien que cela puisse être déplaisant. Mais si vous jugez que 2012 est notre dernière chance, alors vous devez agir en conséquence. Vous maîtrisez la langue française pour cela. Vous saurez bousculer les Français sans les blesser. Vous saurez marquer leurs esprits sans les choquer.

Vous avez l'image du sage, il faut maintenant conquérir celle du chef. Les Français ont besoin d'un Chef. Je préférerais que ce soit un homme qui force sa nature pour mettre en garde les Français, pour les rappeler à l'ordre, plutôt qu'une dernière récession dont la France se relèverait avant bien longtemps.

"La Fin" justifie les moyens.

En espérant que vous entendrez cette requête certes personnelle, mais partagée en nombre.

Cordialement,

Edouard.

vendredi 23 mars 2012

Journalistes, guidez-nous !

Dans mon premier article "Jeunesse, réveille-toi" je fais parfois référence à l'importance, en tout cas à l'impact des médias sur la politique. La multiplication des sources d'informations, entre la radio, la télévision, la presse et internet, donne des moyens de s'informer très accessibles à n'importe quel individu. Moi-même étant très demandeur de nouvelles informations, j'essaie de me tenir le plus possible au courant des dernières actualités, via Twitter, mes sites d'informations préférés et certaines émissions de télévision.

Pourtant, en période d'élection, il me manque une information essentielle. C'est l'opinion du journaliste que j'écoute, que je lis ou que je regarde.

En effet, je n'ai pas l'oeil ni l'oreille du journaliste, qui, de métier, parcourt tous les titres du matin, est tenu informé de façon instantané et en continu, et a le privilège d'avoir les informations les plus fraîches et les plus justes. Ainsi, contrairement au journaliste, je ne suis pas au plus près de l'information et je fais l'impasse sur certains sujets. Sur d'autres, j'essaie de "gratter" un peu plus et d'aller plus loin dans ma démarche informative, encore que... 

De plus, les Français ne sont pas des spécialistes. Dans un journal télévisé, dans la presse, à la radio, les tribunes et les émissions sont tenues par des experts de l'économie, de la santé, de la culture, etc. Ainsi, contrairement au destinataire de l'information (vous et moi), le journaliste peut avoir un jugement plus critique, plus juste, plus éclairé. Comme un guide, il devrait savoir expliquer simplement aux français pourquoi une mesure est une pure annonce qui ne sera en aucun cas applicable. Il devrait expliquer quelles sont les mesures qui devront être prises quoi qu'il arrive, même si elles font défauts aux candidats. Tant mieux d'ailleurs ! Cela obligerait ces derniers à parler de ce qu'ils devront réellement faire, aux détriments de leurs programmes et annonces.

Pourquoi ne pourrait-on pas obtenir l'avis personnel de chaque journaliste concernant l'élection à venir ? J'aimerais connaitre l'opinion de ceux qui ont le privilège (ou pas) d'être au plus près des personnes politiques et les plus au courant de l'actualité. Ils ont une des clefs d'une élection comme celle qui se prépare. Ils ont l'information et sont constamment en train de la divulguer.  Ils peuvent faire une très grande différence. Imaginez, une ou deux semaine(s) avant le premier tour, une émission qui réunirait tous les plus grands (et les autres) journalistes de la télévision, de la radio et de la presse écrite. Ces journalistes se réuniraient et exprimeraient leur opinions en fonction de ce qu'ils ont vécu de la campagne, comme personne d'autre. Ce type d'émission aurait un nombre d'audiences très conséquent (en espérant que cet article tombe dans les mains de la télé...) puisque les débats de la campagne n'intéressent pas les Français pour le moment.

Beaucoup de Français seraient fortement influencés par le choix personnel de leurs visages, de leurs voix ou de leurs plumes préférés. Et ils y réfléchiraient à deux fois avant de voter. Cela ressemblerait à une série de consultations qu'une personne malade doit faire avant de subir une opération chirurgicale risquée. Elle irait voir et écouterait l'avis de différents spécialistes. Elle pèserait le pour et le contre des conseils qui lui seraient donnés et évaluerait les risques encourus. La France doit subir des changements structurels profonds, demandons l'avis des journalistes !

Et puis, n'est-ce pas la responsabilité du journaliste que de ne rien cacher à son lecteur, son auditeur ou son téléspectateur ? Comme je le précisais dans l'article "Jeunesse, réveille-toi", les Français dont le coeur de métier n'est pas directement lié au milieu politique oublient les scandales et les dérapages, ils oublient les erreurs, ils oublient les mensonges et leurs cerveaux font le tri. Les informations les plus récentes chassant les plus anciennes.

Mais le journaliste lui, n'oublie pas. C'est son métier, son devoir, de se rappeler ce qu'il s'est passé il y a 1 an, 5 ans, 10 ans, 20 ans. Lui seul, peut dire au destinataire de son message : "vu ce qu'il se passe sur la scène politique depuis maintenant plus de 10 ans, je voterai..."

Gardez pour lui son opinion est le devoir du journaliste. Mais dissimuler un avis qui pourrait être crucial pour un pays en pleine crise, n'est-ce pas une faute de citoyen ?

mardi 13 mars 2012

Jeunesse, réveille-toi !

Introduction

Étudiants, lycéens, jeunes actifs, je m'adresse aujourd'hui à vous pour vous faire passer un message d'inquiétude, un signal d'alarme, mais aussi d'espoir.


Il y a maintenant quelques semaines, je discutais avec des amis dans un restaurant Lillois. Nous avons abordé des sujets très divers, nos futurs stages, nos envies de création d’entreprise et j’en passe. Puis, comme dans toutes conversations entre amis en période d’élection, est venu le moment de la discussion politique. Pour aborder le sujet, j’ai interrogé mes amis sur ce qu’ils pensaient des différents candidats et me suis moi-même positionné. Mais, la conversation a tourné court puisqu’un de mes amis a rapidement clos le débat qui s’annonçait en disant « de toute façon, ça fait longtemps que je ne crois plus à la politique ni aux hommes et femmes politiques en général ».

Cet ami a 24 ans. Il a 24 ans et ne croit déjà plus dans la capacité des politiciens à faire changer les choses pour notre futur. Et cet ami n’est pas seul. Beaucoup d’autres jeunes à qui j’ai posé la question sont désabusés par la politique française. Ils ont tous de 18 à 30 ans, ils ont nos âges.

Suite à cette interruption, je n’ai alors pas réagi et nous sommes passés à un autre sujet de discussion. C’est plus tard que j’ai perçu la portée de son message. Comment, à 24 ans, peut-on admettre qu’on ne croit plus à la politique depuis longtemps ? Comment, peut-on dire ceci alors que nous n’avons vécu qu’un seul quinquennat en ayant une conscience politique propre (libre de nos éducations parentales) ? Simplement en regardant ce qui se passe sur la scène politique.

Depuis maintenant plusieurs années, nous avons pu observer le climat politique dans lequel la France s’est engagée. Et il n’est pas beau. Il n’est pas digne de la démocratie. Il ne respecte pas ses citoyens. Il ne respecte pas ses jeunes. Nous avons pu voir de quoi les politiciens étaient capables. Je dirais simplement que nous avons été, et sommes toujours les dindons de la farce. Et c’est ainsi que mon inquiétude est née, ou plutôt, s’est réveillée face à l’atmosphère politique de ces dernières années.


Un climat politique indigne

À droite, comme à gauche, les comportements sont si décevants, qu’on se demande parfois comment des personnes qui devraient être des exemples de moralité ont pu arriver au pouvoir.

Comment, Luc Ferry, se proclamant philosophe, soit un « amoureux de la sagesse », peut-il s’exempter lui-même de cours qu’il doit donner à l’université et être rémunéré pour ceux-ci ? Il se paye notre tête ! Et nos parents ont payé son salaire à l’aide de leurs impôts !

Comment peut-on accepter qu’un homme comme Dominique Strauss-Kahn, soit lié à des affaires de mœurs (joujoux des médias l’an passé) qui ont mené à des poursuites en justice ? Je n’estime pas avoir la vérité sur ce sujet, mais je dis simplement que ce type d’affaire ne devrait même pas frôler nos hommes et femmes politiques qui se réclament avoir la capacité de nous gouverner.

Comment peut-on admettre qu’un Président, dès son élection aille se pavaner sur le yacht d’un milliardaire ? Attention, je ne dis pas qu’on n’a pas le droit d’aller sur un yacht. Je dis juste, qu’en tant que Président de la République, on se doit d’être quelqu’un de modéré et de raisonnable. Nicolas Sarkozy n’a jamais été quelqu’un de modéré. Il n’est pas nécessaire de rappeler qu’il a, à plusieurs reprises, insulté des Français. Le Président de la République a insulté des Français ! Sachant ceci et si on se déclare être un homme honnête, comment peut-on vouloir que Nicolas Sarkozy retrouve son siège à l’Elysée ? Comment ?

La vérité est que notre Président de la République aurait voulu être Napoléon. Il a d’ailleurs - et pour ceci nous le félicitons - pris les choses en main concernant les questions de politique extérieure. Il a notamment été un acteur majeur, aux côtés d’Alain Juppé, de la chute de Kadhafi. Mais n’oublions pas qu’il lui a fait la cour en décembre 2007 et a aidé celui-ci à acquérir un véhicule blindé pour sa protection[1]. En 2011, il a, comme l’ont écrit plusieurs journalistes, revêtu un costume de chef des armées (voire de chef de guerre[2]) pour l’intervention en Libye. Mais il n’ira jamais reposer aux Invalides. Les grands du monde moderne ne deviennent plus des immortels dans la mémoire des Français par leurs exploits militaires, mais par leurs avancées politiques. Comme Charles de Gaulle, auquel tous les candidats se réfèrent.

Comment François Hollande en 2007 peut-il dire qu’il n’aime pas les riches, alors que lui-même gagne 8300 euros nets par mois et qu’il a près d’1 million 200 mille euros de patrimoine ? À partir de combien d’euros considère-t-il qu’une personne est riche ? Est-il si déconnecté  des réalités économiques des Français ? Est-il si déconnecté de la jeunesse qui subit 22 % de chômage chez les moins de 25 ans ?

Comment est-il possible qu’il y ait tant d’affaires de corruption, de clientélisme, d’appels d’offres truqués ? A droite comme à gauche, entre Karachi et Chiraquie (scandale des emplois fictifs), entre Marseille et le Nord-Pas de Calais (pour les plus récentes). Encore une fois, les Français, même sans connaître les détails, se doutent bien, savent bien, que les formations politiques qui dirigent notre pays depuis des décennies sont toutes liées à des affaires douteuses. Mais le plus grave, c’est que les français entendent seulement parler 2-3 fois de ces histoires. Un peu plus lorsqu’il s’agit d’affaires de mœurs… Et ces affaires passent les unes après les autres, les plus récentes chassant les plus anciennes, et les français, trop occupés à régler leurs propres problèmes, oublient. En conséquence, ces affaires passent aux oubliettes lors du retour en période électorale. Et, fait amusant, elles ne sont que peu évoquées dans les débats puisqu’elles pourraient porter préjudice aux principales formations. Et même si les journalistes s’efforcent parfois de titiller les personnes concernées par ces sujets, vous vous doutez bien qu’une ligne de réponse a été dictée au sein du parti. Ainsi, chaque personne interrogée sait quoi répondre afin de protéger son parti, ses élus et son candidat. Nous savons tous très bien que les partis depuis longtemps au pouvoir, sont des machines de guerre de la communication. Elles le prouvent tous les jours en organisant des meetings aussi impressionnants et électrisants que des concerts. Elles le prouvent aussi en affichant leurs candidats aux cotés de personnes médiatiques, François Hollande avec Yannick Noah, Nicolas Sarkozy avec Gérard Depardieu, etc. Elles le prouvent encore en début de campagne en monopolisant le temps passé dans les médias[3]. Est-il normal – bien que le CSA l’autorise - d’observer un écart très important entre les 2 principaux candidats et leurs poursuivants, favorisant ceux-ci face aux plus petites formations politiques ?

Cette atmosphère politique est exécrable. Il est temps de changer et de donner le pouvoir à une formation politique différente. En espérant, peut-être, que les formations aujourd’hui bien installées dans le paysage politique français, se remettront en question et feront du nettoyage au sein de leur propre parti.

« Un pour tous, tous pourris ! »
Coluche


Un début de campagne irrespectueux

Parlons maintenant de ce début de campagne. En ce moment même, à droite, comme à gauche, les promesses fusent de toutes parts. Celles-ci sont parfois inconsidérées et inapplicables. Les stratégies électorales se mettent en place, avec des annonces populistes des partis majoritaires cherchant à se tailler des parts d’électeurs chez les autres candidats afin de progresser dans les sondages. Parce que, bien que les candidats disent ne pas prendre en considération ces derniers, nous ne sommes pas dupes. On m’a enseigné que dans de nombreux secteurs d’activités il y a une vérité commune : « le monde attire le monde ». MM. Sarkozy et Hollande l’ont eux aussi compris et la course aux sondages est donc lancée.

François Hollande promet une imposition de 75 % sur les revenus supérieurs à 1 million d’euros par an. Jeunes actifs, étudiants, lycéens, croyez-vous possible qu’il tienne une telle promesse ? Réfléchissons. Tout d’abord, de nombreuses personnes ayant ce niveau de revenu vivent déjà à l’étranger. Ensuite, pour celles qui sont restées en France - et nous les remercions, car elles contribuent via leurs impôts à notre protection sociale - ne croyez-vous pas qu’elles iront le plus rapidement possible à l’étranger si Monsieur Hollande est élu ? Cette imposition ne sera alors imposée à plus personne ! Cette promesse n’est qu’une annonce ! Elle est directement dirigée aux électeurs du Front de Gauche qui prône le même type de mesure. Monsieur Mélenchon a atteint récemment les 10 % d’intentions de votes au premier tour. Le candidat du PS trouve ce gâteau alléchant et s’en taillerait bien une part !

A noter que François Hollande trouve bon de s’afficher en public avec Yannick Noah qui a compris il y a bien longtemps que l’exil fiscal est payant !

Nicolas Sarkozy oriente de plus en plus à droite son discours politique[4]. Il envoie sur le front Claude Guéant qui, depuis la campagne de 2007, a abusé de déclarations flatteuses aux électeurs de Marine Le Pen. Il n’a eu de cesse d’accuser l’immigration d’être le problème majeur de la France. Brice Hortefeux a eu pour seul objectif de renvoyer le plus d’immigrés clandestins à l’étranger. La politique du chiffre quand il est question de vies humaines est infecte. Et aurait-il oublié au passage, que lorsqu’il s’agit de Roumains, ils sont européens et ont donc droit à la libre circulation dans l’espace Schengen ? En effet, dès qu’un pays intègre l’UE, ses citoyens ont un accès limité aux autres pays de l’UE pendant une période  de 7 ans[5]. Mais au delà de cette période, l’accès est complètement libre. Par conséquent, l’argent et le temps dépensés aujourd’hui pour renvoyer ces êtres humains sont peines perdues : ils auront tous les droits pour revenir dès 2014 (pour les Roms par exemple). C’est un cas typique de procrastination. Et Nicolas Sarkozy essaie encore de s’engouffrer dans la brèche en déclarant que « l’immigration peut-être bonne, mais pose aussi des problèmes » (ou l’art d’essayer de nous berner en atténuant son propos). Le Président de la République déclare que « la question de la viande halal est le principal sujet de préoccupation des Français » pour les diviser toujours plus et s’attirer les électeurs du FN qui commençaient à douter de sa radicalisation ! Eux qui avaient cru à la politique du « kärcher® » en 2007 ! Là encore, le FN représentant entre 15 % et 20 % des intentions de vote, le gâteau est alléchant ! Dans une Nation qui se déclare être « la patrie des droits de l’homme », comment peut-on être un Président qui attise et joue avec les différences au sein de la population française pour augmenter ses chances d’être réélu ?

François Hollande prône le retour de la retraite à 60 ans. Encore une annonce pour séduire. Comment peut-on affirmer que nous pourrons financer ces retraites alors même que nous vivons plus longtemps grâce aux progrès de la science et de la médecine. C’est une hérésie. Monsieur Hollande a-t-il consulté l’état des comptes publics ? A noter que le candidat du PS est rapidement revenu sur cette annonce, et a posé certaines conditions à ce retour à 60 ans. Il a ainsi profité de l’impact de cette annonce qui s’est transformée en de nombreuses retombées médiatiques, tout en se protégeant par la suite de sa propre proposition. Il y a eu de nombreux déçus du Sarkozysme. Si Monsieur Hollande continue sur cette voie et qu’il est élu, lui aussi va battre le record du nombre de déçus.

Marine Le Pen propose d’assurer un protectionnisme français afin de récréer les conditions de l’emploi. Toute personne ayant fait un peu d’économie (si ce n’est pas votre cas, demander à un ami) sait que le protectionnisme est une grossière erreur. Cuba en est un exemple criant. Ce pays isolé pendant des dizaines d’années n’a jamais progressé socialement et économiquement. Seulement aujourd’hui, grâce à de grands bonds économiques en avant, grâce à l’ouverture vers l’extérieur, il amorce son rattrapage. La présidente du FN propose de sortir de l’Euro. Sur ce sujet, je ne suis pas un spécialiste. Mais ce que je peux affirmer, c’est que de nombreux économistes disent que sortir de l’Euro serait une erreur. Ce que je pense en tout cas, c’est qu’une sortie de l’Euro serait la meilleure façon de dire « Nous ne croyons pas à l’Europe ». Ceci éteindrait définitivement tout espoir de voir un jour naître l’Europe comme elle devrait l’être, unie.

Jean-Luc Mélenchon, lui aussi tient un propos déplacé. Il propose un SMIC à 1700€. Je ne suis pas contre le progrès social, mais prendre une telle décision est impensable dans la situation économique actuelle. Les solutions sont ailleurs. Nous ne pouvons pas supporter un coût du travail largement supérieur à nos voisins européens. De plus, ce genre d’augmentation subite du SMIC entraînerait forcément une forte inflation, minimisant son impact. Nous nous retrouverions avec un salaire plus élevé, mais des produits plus chers, donc une situation identique voir pire que précédemment. Pire, car contrairement à nos voisins économiques, le coût du travail aura augmenté ; entrainant encore plus de délocalisations et moins d’investissement dans notre pays. Résultat : chômage en hausse ! De plus, mettons-nous à la place d’un Espagnol ou d’un Grec, pour lesquels le SMIC est respectivement de 748€ et 862€. Que feriez-vous à leurs places ? Vous décideriez de venir en France, puisque le niveau de vie y est plus élevé ; et puisque l’Europe vous autorise à y travailler grâce à la libre circulation. La France ne peut pas supporter une nouvelle vague massive d’immigration qui serait la résultante d’une telle décision. Attention, je ne dis pas que l’immigration est une mauvaise chose, au contraire. Mais la France n’a pas su correctement intégrer les précédentes vagues d’immigrés. Tant que ce ne sera pas le cas, proposer ce genre de mesure est insensé.

Arrêtons avec les décisions de court-terme qui ne créent que des déséquilibres coûteux à la société. Il faut de la mesure, il faut de la raison, il faut de l’équilibre et de la constance, il faut une vision à long-terme.

« Mieux vaut penser le changement, que changer le pansement »
Francis Blanche


Prise de position

Cette dernière partie sera donc consacrée à mon propre avis politique. Tout d’abord, je souhaite commencer par faire une parenthèse sur les propos de Monsieur Jean d’Ormesson, duquel j’ai reçu (via un email) un papier[6] qu’il a appelé « Triomphe et tombeau de François Hollande ». Pour faire simple, il déclare Monsieur Hollande incapable de gouverner en période de tempête économique. Il va même jusqu’à dire que Monsieur Hollande doit se mordre les doigts de savoir qu’il va être Président de la République en mai. Sur ces points je suis assez d’accord. Il dit aussi que Monsieur Sarkozy a fait beaucoup d’erreurs, notamment en rappelant l’histoire du Fouquet’s et celle du yacht de Bolloré. Il condamne donc les excès dans lesquels est tombé Nicolas Sarkozy. Mais la conclusion de son papier est finalement la suivante : bien que Monsieur Hollande sera certainement élu en mai et malgré les comportements du Président actuel, le mieux est de choisir ce dernier. Faute de croire en la compétence de Monsieur Hollande et du Parti Socialiste à gouverner en général.

Je veux seulement dire à Monsieur Jean d’Ormesson qu’il va un peu vite. Ne doit-il pas rappeler qu’il y a d’autres candidats dans une élection présidentielle ? Lui, homme de lettres, Académicien, médaillé de la Légion d’Honneur, ne doit-il pas croire en la démocratie et écrire que d’autres voies sont possibles. Non, il se réfugie, comme beaucoup d’autres, dans la moins pire des solutions. Il se réfugie dans le Sarkozysme, lui qui a peur, à raison, du Hollandisme.

Mais n’oublie-t-il pas, au centre, cette troisième voie incarnée par François Bayrou, lui aussi homme de lettres, qu’il devrait soutenir. Monsieur Jean d’Ormesson n’est-il pas en train d’oublier que dans une élection il y a un premier tour ? Et il devrait être de son devoir de ne pas bi-polariser son discours avant même que ce premier tour soit passé. Comme s’il n’y avait que deux choix possibles en France !


La solution François Bayrou

Mais pourquoi choisir François Bayrou ? Il y a plusieurs raisons à cela.

Tout d’abord, parce qu’il ne ment pas aux Français en faisant des promesses intenables, qui ne sont que des calculs politiques pour se tailler des parts dans les électorats de ses adversaires. Il le dit lui-même, il n’a pas de baguette magique. Il dit la vérité et la dit même si elle est difficile à entendre. Il veut ouvrir les yeux des Français qui ne veulent pas voir cette vérité, malgré les signaux envoyés par l’économie, malgré les signaux envoyés par la situation sociale, malgré les signaux envoyés par notre environnement.

Deuxièmement, pour l’homme et ce qu’il représente. François Bayrou est un homme de culture. Il est un homme de morale comme le prouvent ses différentes prises de positions. Dans son programme, on peut voir qu’il cherche à établir plus de moralité dans la vie politique française, via sa proposition de référendum du 10 juin. Il veut que le ministre de la Justice soit désigné par le Parlement et non par le Président pour assurer son indépendance. Cela nous permettra d’éviter ces nombreuses affaires qui sont venues entacher le précédent quinquennat. Il veut aussi que le Président de la République n’ait plus le droit de désigner le directeur de France Télévisions. Ceci assurerait une transparence médiatique complète. D’ailleurs, nous avons remarqué que MM. Sarkozy et Hollande se gardent bien de réagir aux propositions de moralisation de la vie publique par François Bayrou. D’abord parce que cela donnerait de la crédibilité à ce dernier, ce dont ils veulent se protéger. Mais aussi parce que ces propositions déstabiliseraient en effet les positions de leurs élus.

Troisièmement, pour sa vision à long terme. Il nous présente un programme qui redressera la France de façon structurelle et non conjoncturelle comme a essayé de le faire Nicolas Sarkozy avec, par exemple, ses multiples réformes fiscales durant le quinquennat[7]. Il faut arrêter de faire du rafistolage. La France a besoin d’un changement profond qui est la seule condition à sa survie future.

Quatrièmement, parce que son programme vaut le coup d’être étudié. Les solutions qu’il apporte sont cohérentes, réalisables et raisonnables. Ses propositions sur l’Éducation sont innovantes et en phase avec les réalités technologiques d’aujourd’hui (diminution des heures de cours, « apprendre à apprendre », etc.). La politique du « Made in France » que tous les autres candidats reprennent a été initiée par lui lors de cette campagne. Pour ne pas réciter tout son programme, je vous conseille directement d’aller voir sur son site www.bayrou.fr/programme sur lequel vous trouverez tous les détails de la politique qu’il veut mener.

Enfin, il a une vision forte de l’Europe. Il souhaite qu’un Président européen soit élu au suffrage universel. Il souhaite une Cour des comptes européenne afin d’assurer la transparence dans la gestion des États. Il a une vision d’une Europe fédérale, qui nous tient à cœur, à nous, les jeunes.


La jeunesse

D’ailleurs, revenons-en au début de ce plaidoyer. La jeunesse. Moi qui suis jeune, comme vous, je me disais la même chose que cet ami que j’ai cité au début de ce papier. Je ne croyais plus dans la politique. Et c’est ainsi que je me suis réveillé en me disant « je n’y crois plus, mais je ne fais rien pour changer les choses, même à mon échelle ». Et j’entends tous les jours des jeunes dire qu’ils ne peuvent de toute façon rien faire.

La preuve de notre détresse politique, c’est l’abstention des 18-25 ans[8]. Celle-ci avait été de 40 % en 2002 et Jean-Marie Le Pen était passé au second tour.  Aux législatives de 2007, les jeunes avaient peu participé. Aux élections régionales, 75 % n’ont pas voté. Aux Européennes, l’abstention aussi s’est ressentie. Simplement parce que les jeunes n’y croient plus. Ils voient et vivent ce que j’ai décrit plus tôt. Ils y ont cru pourtant en 2007. Les nouveaux visages politiques entrés sur la scène quelques années plus tôt confirmaient et se présentaient à l’élection. Les principaux candidats de 2002 (Chirac, Jospin, Le Pen) avaient près de 70 ans de moyenne d’âge. En 2007, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy avaient respectivement 54 et 52 ans ; soit l’âge des parents des jeunes électeurs. Peut-être est-ce une explication à la forte participation, qui s’est élevée à près de 84% ? Ce changement de génération, accompagné du souvenir du scandale politico-médiatique du passage au second tour de Jean-Marie Le Pen en 2002, a certainement joué sur cette participation. Mais ne faisons pas l’erreur de 2002. En allant voter, les jeunes ont les moyens de changer les choses. Par devoir de mémoire et par respect pour nos ancêtres tombés à la Révolution  Française, nous nous devons d’aller voter. C’est la seule façon de les honorer.

Pour ceux qui sont sceptiques de notre capacité à changer en profondeur notre pays, je leur dis que nous avons deux atouts majeurs. Le premier atout c’est le nombre d’électeurs que nous représentons. Il y a, selon l’INSEE, début janvier 2012, 10 489 145 Français entre 18 et 30 ans. Cela représente 16 % de la population totale et plus de 20% des électeurs ! Nous pouvons clairement faire pencher la balance.

Notre second atout, c’est notre innocence. Elle est une force que seule la jeunesse détient et qui ne doit pas être sous-estimée. Elle nous permet de rêver, de croire, d’espérer une France meilleure si nous faisons le bon choix. Si ces deux atouts sont combinés, alors nous pourrons croire réellement à l’élection de François Bayrou.

En 2002, le 21 avril, Damien Saez a écrit et chanté « Fils de France ». En 2007, il a écrit et chanté « Jeunesse, lève-toi ». Aujourd’hui je veux vous dire « Jeunesse, réveille-toi ! ».

Je m’appelle Edouard, j’ai 22 ans, je suis étudiant en école de commerce, je suis Européen et Français, je voterai Bayrou au premier tour de l’élection présidentielle.

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Notes (pour que vous puissiez vérifier certains points par vous-même, n’oubliez pas que Google est votre ami !):

[1] Pour le véhicule blindé, lire  l’article suivant (pour l’invitation de Kadhafi à l’Elysée nous connaîssons tous l’histoire): http://www.lemonde.fr/libye/article/2011/09/19/paris-accuse-d-avoir-livre-un-vehicule-permettant-a-kadhafi-de-fuir_1574060_1496980.html
[2] « Libye: pour la presse européenne, Sarkozy se pose en chef de guerre » par Claire Ané pour lemonde.fr, “Nicolas Sarkozy en chef de guerre” par Charles Jaigu pour lefigaro.fr
[3] Voir sur le site du CSA (www.csa.fr) dans la rubrique « Espace presse » et choisir le communiqué de presse du 29 février 2012
[4] Voir l’article du 13 Mars 2012 du Wall Street Journal qui titre « Nicolas Le Pen ». Vous pouvez retrouver une référence à cette article sur le site lemonde.fr : http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/03/13/le-wall-street-journal-appelle-m-sarkozy-nicolas-le-pen_1667651_1471069.html#ens_id=1588921
[5] Voir la page suivante sur Europa.eu: http://europa.eu/youreurope/citizens/work/job-search/work-permits/index_fr.htm
[6] « Triomphe et tombeau de François Hollande » par Jean d’Ormesson. Vous pouvez retrouver le papier au lien suivant (pour ceux qui doutent de la source, un article payant sur lefigaro.fr est disponible) : http://www.lescrutateur.com/article-triomphe-et-tombeau-de-fran-ois-hollande-par-jean-d-ormesson-96825344.html
[7] Voir la Chronique de l’éco du mardi 6 mars 2012 de Nicolas Doze sur BFM TV (ou @nicolasDOZE sur twitter, tweet du 6 mars à 13h13)
[8] Voir l’article “l’abstention des jeunes mine notre démocratie” par Richard Descoings: http://www.richard-descoings.net/2010/04/02/labstention-des-jeunes-mine-notre-democratie/