lundi 26 mars 2012

"La Fin" justifie les moyens

Cher Monsieur Bayrou,

Il est encore temps de changer de style.

Nombreuses sont les personnes de mon entourage qui peuvent témoigner que je suis un fervent défenseur de votre candidature.  Depuis longtemps convaincu par votre programme et par le renouveau que vous représentez (malgré le temps passé sur la scène politique), je saute sur toutes les occasions pour parler de vos solutions pour la France. Mes amis pourront le confirmer, je suis enthousiasmé par votre projet. Par contre, comme eux, je le suis moins par la forme.

En effet, nombre de ces amis et moi-même, sentent dans votre candidature celle d'un personnage qui a longtemps cherché sa place sur l'échiquier politique. Celle de quelqu'un qui a traversé des moments de solitude. Celle de quelqu'un qui fait une course de fond et qui depuis des années rabâchent, à raison, les mêmes problèmes et les mêmes alertes. Finalement, celle d'un candidat qui a raison mais qui ne gagne pas. 

Encore une fois, vous souhaitez être élu de façon honnête en disant la vérité aux Français. C'est noble, mais ça ne fait pas gagner une campagne. Tout chef d'entreprise, tout homme politique doit certes rassembler, mais il doit surtout mobiliser. Je suis désolé de vous le dire, mais ma mobilisation ne tient qu'à l'enthousiasme que j'ai pour vos idées. Pas à autre chose. Je suis allé à votre meeting du Zénith (dimanche 25 mars). J'ai pu entendre une nouvelle fois votre programme rassembleur, mais je n'ai pas vu un tribun mobilisateur sur la scène. Vos meetings attirent beaucoup de sympathisants. Comme ceux des autres candidats, ni plus, ni moins.

Je risque de vous vexer en disant ce qui suit, mais je prends le risque. En 2007, je n'avais pas l'âge de voter, mais je croyais déjà en votre candidature. Malgré cela, je dois avouer que Nicolas Sarkozy m'a séduit au second tour. Certainement pas par son programme, à 17 ans, comment aurais-je pu le juger sans dire de sottises ? Non, j'ai été séduit par l'homme. Vous le dites vous-même : "l'élection présidentielle est un choix personnel". Le Président sortant a su montrer une pugnacité et une énergie nouvelles aux Français durant sa campagne. Et les Français ont aimé le candidat qu'il a été. En effet, il est un exemple à suivre en termes de discours. Il excelle dans l'art de maîtriser les médias. On ne peut pas lui retirer ce talent là. Il arrive parfois que l'on doive s'inspirer des gens que l'on n'aime pas.

Vous aviez prononcé ces mots il y a quelques semaines : "il ne faut pas oublier que la campagne présidentielle est une course de fond". D'accord, mais le sprint final est déjà lancé. Le sprint final ce ne sont pas les deux dernières semaines, ni mêmes les derniers jours. Le sprint final ce sont bien les 2 mois de campagne. Et que fait-on alors ? On rue dans les brancards, on chahute, on provoque, on surprend. Même si on n'aime pas le faire, on doit le faire. C'est triste, mais aujourd'hui, c'est la présence médiatique qui compte, pas le reste. C'est l'image le plus important. C'est la forme.

L'Etat d'urgence que vous décrivez si bien dans votre livre ne nécessite-t-il pas d'aller contre-nature ? Je sais que vous n'aimez pas forcément la formule "la fin justifie les moyens", mais ne s'agit-il pas de cela en temps de crise ? La formule de Gandhi qui a votre préférence était juste il y a 5 ans. Mais aujourd'hui, au bord du vide, n'est-elle pas obsolète ? Nous n'avons plus le temps de semer des graines qui mettront des années à pousser.

Monsieur Bayrou, je suis persuadé qu'il vous faut bousculer les Français. Il vous faut marquer les esprits. Je me doute bien que cela puisse être déplaisant. Mais si vous jugez que 2012 est notre dernière chance, alors vous devez agir en conséquence. Vous maîtrisez la langue française pour cela. Vous saurez bousculer les Français sans les blesser. Vous saurez marquer leurs esprits sans les choquer.

Vous avez l'image du sage, il faut maintenant conquérir celle du chef. Les Français ont besoin d'un Chef. Je préférerais que ce soit un homme qui force sa nature pour mettre en garde les Français, pour les rappeler à l'ordre, plutôt qu'une dernière récession dont la France se relèverait avant bien longtemps.

"La Fin" justifie les moyens.

En espérant que vous entendrez cette requête certes personnelle, mais partagée en nombre.

Cordialement,

Edouard.

7 commentaires:

  1. Je me retrouve bien dans ton analyse. La question que je me pose reste celle de l'ambition de M. Bayrou et de son parti : gagner la présidentielle ou bien gagner plus de sièges aux législatives ? La présidentielle nécessite désormais un candidat avec un forte personnalité, mais ça me semble être moins le cas pour les législatives portées dans chaque régions par des candidats diverses. Il y est plus facile de voter (et donc de communiquer) pour un programme et moins pour un homme. En adoptant ce style/cette stratégie de paroles justes qui ne bousculent pas les Français, le Modem ne cherche-t-il pas à construire sa crédibilité pour les élections à venir ?

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  2. C'est l'image de lui que véhiculent aussi les médias. Nous sommes dans une époque où il faut du clinquant, de la gesticulation, des voix qui portent souvent un discours de mensonges. Peut être une question de génération? Moi il m'apaise, il me montre que la politique peut être autrement, une autre vision de ces débats où chacun veut étriper l'autre.
    Je le soutiendrai jusqu'au bout, mais si vous pensez sincèrement qu'il faut qu'il change un tant soit peut, alors qu'il le fasse, car je veux le voir gagner et qu'il puisse appliquer son programme.

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  3. je pense que seulement 20% d'électeurs s'interessent à l'élection (voir déjà le nombre d'abstention + ceux qui suivent le parti des parents + ceux qui vont voter sans conviction au hazard. Je pense que le discours doit être simple et atteidre toutes les couches,métiers,chômeurs,pensionnés,enfants,étudiants etc...afin que chacun ait entendu F Bayrou parler de sa situation. Néanmoins F Bayrou est de loin le candidat qu'il faut pour le bien du peuple Français.(Les médias font tout pour minimiser tout ce qu'il dit et ce qu'il fait)

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  4. Je préfère un sage à la tête d'un pays plutôt qu'un chef car le sage sait ou il va alors que le chef peut se tromper de chemin.

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    1. Je suis entièrement d'accord avec vous. Je ne lui demande pas d'être de perdre ses qualités de "Sage", juste d'être un Chef pendant la campagne. Ce que les Français veulent ressentir.

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  5. Se fourvoyer, ne plus être vrai, faire comme les autres ? Jamais, quitte à perdre. On ser rendra alors simplement compte si le peuple de France est définitivement abêti !

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    1. Je ne lui demande pas de changer le fond de ce qu'il dit, seulement la forme. En étant plus provoquant, plus chahuteur, plus piquant, les médias tourneront autour de son personnage et l'impact sur l'électorat pourra être significatif. Prenez l'exemple de Jean-Luc Mélenchon (dont je n'approuve pas le fond de ses propositions) mais qui, grâce à son style est passé en très peu de temps de 8% d'intentions de vote à 3ème homme de la campagne !

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