vendredi 30 mars 2012

Votez par passion !


On parle souvent dans cette campagne (comme dans toutes les autres) du vote utile. Le vote utile est un outil qui permet d'assurer un certain confort aux principaux candidats afin qu'ils aient une marge de manoeuvre confortable au premier tour. Celle-ci se déclinant en une dynamique très positive au second. Cette pratique est anti-démocratique.

Voter utile, c'est abandonner son vote de coeur. C'est laisser tomber celui ou celle qui, selon nous, représente au mieux nos intérêts et ceux du pays. Cette pratique tue la démocratie, par essence bâtie sur le pluralisme politique. La cohabitation de plusieurs pensées politiques est justement le meilleur outil pour faire entendre sa voix. Si le vote utile est massivement appliqué, les plus petits courants politiques, qui ne sont pas illégitimes, n'ont pas la possibilité de se faire entendre et restent marginaux.

Quel intérêt de faire une élection en deux tours si les partis majoritaires appellent à voter utile ? Comment encourager le pluralisme alors ? Le vote de coeur est la meilleure façon d'assurer une réelle représentation de la population. Il permet de retrouver au second tour une réelle proportion des vraies opinions des français. En effet, les deux candidats qui passent au second tour représentent au moins 40 % des votes. Mais s'il y a eu appel au vote utile au premier tour, ce n'est alors plus vrai. Les 40 % sont biaisés puisque composés du vote de coeur des vrais partisans et des voix des électeurs des partis satellites qui ont été séduit par le concept du vote utile. Les propositions des candidats au second tour sont donc déphasées par rapport aux véritables opinions du peuple.

Plus important, un candidat qui appelle au "vote utile" est quelqu'un qui ne sait pas rassembler par son programme, c'est bien dommage ! Appeler les électeurs à utiliser cette pratique, c'est avouer que l'on est impuissant face à la montée de candidats et de mouvements proches de son propre parti. C'est admettre qu'on on est incapable de convaincre leurs électeurs par ses propositions. C'est exactement ce qui se passe avec François Hollande qui appelle les sympathisants de Jean-Luc Mélenchon à le suivre dès le premier tour.

Enfin, une élection est un moment où doivent se déchainer les passions, où la population doit débattre des sujets qui sont les enjeux de son avenir. Pourquoi se soumettre à une formation qui ne nous ressemble pas ? Pourquoi accepter, sans débattre, qu'un candidat est soi-disant plus capable de passer au second tour qu'un autre ? On devrait alors accepter de se soumettre à son programme ?

Il est crucial pour chaque élection de toujours procéder à un vote de coeur. Il est le véritable miroir de la société dans laquelle nous vivons et le meilleur outil pour avoir au second tour, deux candidats qui représentent réellement les positions des Français.

5 commentaires:

  1. Je suis ne suis pas d'accord. Une élection présidentielle n'est pas une élection législative, et encore moins proportionnelle. Il n'est pas question d'avoir un président qui représente les couleurs de tous les partis en fonction de leurs scores. Un président n'est pas divisible, et s'il va parfois tenir compte des résultats d'un autre partie, il n'a pas vocation à être 30% UMP, 24% PS, 10 % MODEM et consorts. Notre constitution prévoit l'élection du président de la République en 2 tours, le vote "utile" est un calcul qui permet justement d'être sûr que les candidats présents au second tour (et donc le candidat élu) ne sera pas trop éloigné de ses propres intérêts (puisque que représentatif de la majorité et pas de chacun des Français).
    C'est lors d'une élection législative que le vote de cœur est le plus important. Et encore puisqu'on utilise actuellement le système uninominal majoritaire et pas proportionnel...
    Oui cette logique rend difficile l'arrivée d'un 3e parti (hors UMP/PS) au pouvoir mais c'est notre système constitutionnel qui le veut, d'autant plus après les dernières réformes.
    J'attends tes remarques :)

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    1. Voici les remarques tant attendues !

      Je ne veux pas que les candidats soient divisibles. Je veux simplement que la représentativité au second tour soit la réalité de ce que souhaite la majeure partie de la population. J'aimerai que le pourcentage que représente les 2 candidats au second tour soit uniquement composé de votes supportant réellement le parti, le programme ou le candidat. Que ce pourcentage soit en fait libre de vote utile. Peut-être verrons nous alors naître de nouvelles et plus fortes formations, qui pour le moment voient leurs voix s'échapper au profit du vote utile.

      Cela pose un second problème. Que se passe-t-il alors si les 2 extrêmes passent au second tour ? Les Français s'apercevront qu'ils ont fait une immense connerie et qu'ils n'ont que ce qu'ils méritent. A savoir - sans vouloir faire de raccourcis, mais voulant faire bref - qu'à force de laisser vivres certaines injustices et distortions sociales, des tensions se créer et les votes contestataires naissent. Les législatives se dresseront alors comme un rempart aux extrêmes avec la formation d'une unité nationale à l'assemblée ? Un genre de pacte/blocus des formations moins extrêmes qui paralyserait le pays pendant tout un quinquennat ?

      A-t-on vraiment besoin d'en arriver là ?

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  2. Le problème du vote par passion est qu'ensuite ce sont les partis entre eux qui s'arrangent et négocient avec NOS voix. On sert juste de monnaie de négociation lorsque l'on vote pour un "petit" parti.

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    1. Tu restes néanmoins libre de faire ce que tu veux avec ta voix au second tour. Même si le parti pour lequel tu as voté donne une "consigne". C'est aussi l'intérêt du vote blanc. Bien qu'il ne soit pas pris en compte, symboliquement tu ne cautionnes pas les 2 candidats du second tour (si tu es persuadé que l'un ne vaut pas mieux que l'autre).

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  3. Mathieu Doumalin1 avril 2012 à 00:56

    Peut-être que le problème réside tout simplement dans le pluralisme et la multiplicité des choix pour l'électeur, qui dilue les votes à droite et à gauche sans dégager de véritables tendances. D'où le fait pour les grands partis de devoir se battre pour chaque personne et moins pour ses idées, non?
    Partons du principe que l'on ne peut pas tout avoir, et que personne ne pourra représenter en totalité tous nos idéaux et intérêts. Il s'agit dès lors d'être moins exigeant en terme d'individualité et de réfléchir pour l'ensemble, pour la nation. Le vote utile n'a plus lieu d'être alors, on vote pour un programme/parti meilleur que l'autre.

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